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Orchidées de Chypre - Jean-Claude JUDE et Michel ALLARD.

Cet article paru antérieurement dans le bulletin 2013 de la SFO PCV relate le voyage à Chypre de deux de nos membres, Jean-Claude Jude et Michel Allard du 11 au 25 Mars 2013.




Entre Europe et Asie . Chypre

du 11 au 25 Mars 2013 – J.-C. Jude* et M. Allard


L’île d’Aphrodite …

L’île de Chypre, dans cette Méditerranée bordée par trois continents, a été retenue pour une approche de l’Asie avec notre programme 2013 de découverte de certaines espèces d’orchidées levantines

Située à 70 kilomètres des côtes turques et 100 kilomètres des côtes libanaises et syriennes, Chypre est géographiquement la troisième île de Méditerranée après la Sicile et la Sardaigne. L’île de Rhodes et la Crète (visitées en 2008) sont distantes respectivement de 400 et 560 kilomètres.

Le long de la côte Nord, le Pentadactylos, un relief calcaire étroit, s’étire sur 150 km ; plus au Sud, au centre de l’île, le massif du Troodos, d’origine volcanique, avec le Mont Olympos, culmine à 1951 mètres.

La position stratégique de cette île en Méditerranée orientale en a fait au cours des millénaires un lieu de passages et de convoitises. Les conflits contemporains entre la Grèce et la Turquie (1974) ont conduit à une partition de l’île : au Nord, la "République Turque de Chypre Nord", non reconnue par l’ONU, et au Sud la  "République de Chypre", partie grecque reconnue par l’ONU, dans l’Union Européenne, en zone Euro, séparées par une
zone-tampon.

Deux enclaves sous souveraineté britannique subsistent comme bases militaires. L’île tient son nom de son sous-sol cuprifère, mais les références à la déesse de la beauté et de l’amour y sont particulièrement présentes chez les organismes touristiques ! … et Adonis n’est pas oublié !



Bases d’informations

Malgré des assouplissements récents pour les passages entre le Sud et le Nord de l’île, nos recherches ont été limitées à la partie Sud. Les offres de services et d’hébergements très développées en ligne, l’usage d’une monnaie que nous connaissons bien, les informations reçues sur les 

Malgré des assouplissements récents pour les passages entre le Sud et le Nord de l’île, nos recherches ont été limitées à la partie Sud. Les offres de services et d’hébergements très développées en ligne, l’usage d’une monnaie que nous connaissons bien, les informations reçues sur les orchidées, mais aussi le peu de temps de préparation, sont autant d’éléments qui nous ont conduits à ce choix.


Les Orchidophiles fréquentent Chypre depuis quelques décennies et ces informations ne manquent pas, cependant, là encore, les orchidées sont sources de divergences en matière de taxonomie.

Avec l’affinement des connaissances, les comptes rendus de visites anciennes donnent parfois une impression d’obsolescence mais conservent tout leur intérêt pour la localisation des plantes.

Points de vue sur certains Ophrys

Nous avons été sensibilisés par des informations qui ont été publiées dans la revue "Les Naturalistes Belges" sous les "plumes" de Pierre Devillers et de son épouse, américaine, Jean Devillers-Terschuren.

Dans une démarche prenant en compte le degré d’insularité ainsi que l’étude des vents concernant Chypre, les auteurs dressent un tableau comparatif des grandes îles isolées de la Méditerranée pour déterminer l’influence des environnements terrestres et comparent des Ophrys de Chypre avec ceux des continents ou archipels voisins ((indice de Jaccard …).

Cette contribution, inspirée par une visite à Chypre en 2012, dans les zones Nord et Sud, cible plus particulièrement les groupes d’Ophrys bormuelleri, umbilicata et mammosa, très présents dans l’île.

En dressant un historique d’indices et découvertes relatifs aux orchidées cypriotes et en citant de nombreuses références, les auteurs émettent des doutes sur la pertinence de mentions de présences à Chypre de quelques espèces du bassin méditerranéen central et du Moyen-Orient. 

A partir d’analyses très documentées, leurs réévaluations concernent principalement :

- Ophrys aphrodite
(nouvelle espèce) : généralement cité comme étant O. bornmuelleri (décrit du Levant) ;

- Ophrys astarte
(nouvelle espèce) aux sépales verts : attribué à O. attica, O. rhodia ou O. umbilicata  ;

- Ophrys orientalis : périanthe blanc ou rosé, synonyme d’O. umbilicata et réintégré au rang d’espèce ;

- Ophrys posteria  : (O. mammosa subsp. posteria) sous-espèce élevée au rang d’espèce, attribué à O. hystera

Par ailleurs, les auteurs mentionnent la présence de l’Ophrys galilaea, forme orientale de l’Ophrys sicula, mais ne reconnaissent pas les Ophrys herae, sintenisii et transhyrcana
comme présents à Chypre.

Après la découverte d’inflation d’espèces dans les comptes rendus transmis par nos informateurs qui ont prospecté à Chypre, nous avons adhéré aux thèses plutôt simplificatrices des auteurs de l’article mais sa rédaction en anglais et le peu de temps disponible avant notre départ pour Chypre ne nous ont pas permis de disposer de détails qui nous auraient certainement aidés sur place.

A postériori, après une traduction partielle mais ciblée, nous avons pris conscience de nos observations incomplètes sur sites et certaines déterminations sont maintenant liées au visionnage de nos photos !

 

Le programme du voyage

La brièveté du séjour et l’éloignement de l’île nous ont conduit à un accès au pays par avion, la location d’une voiture à Chypre et les réservations dans trois hôtels proposant des appartements avec cuisine.

A partir des notes collectées auprès d’informateurs et leur compilation, 3 zones ont été retenues :

- Les environs de Larnaca, côté Ouest, entre Larnaca et Limassol ;

- Les environs de Limassol, côte et pentes Sud du massif du Troodos

- La péninsule de l’Akamas, à la pointe Ouest de l’île, au Nord de Paphos et près de Polis Chrysochous.

Dans notre programme, une journée avait été prévue pour la visite de Nicosie mais les évènements liés aux contestations du système bancaire et de la gouvernance cypriote nous ont fait annuler ce déplacement.



Larnaca et le Lac salé

Partis de Paris le 11 mars à 14h.45, après 4h.15 de vol direct, nous arrivons à Larnaca
à 20 heures (décalage horaire : 1 heure). La nuit est tombée, la localisation du parc des véhicules de location est faite en anglais et le volant de notre voiture, à droite, peut nous rappeler que la conduite se fait à gauche dans cepays ! L’hôtel retenu n’est qu’à 8 kilomètres mais l’obscurité, l’adaptation à la signalisation locale et des déviations nous perturbent un peu ! Le "Lac salé", à la sortie Ouest de Larnaca et près de l’aéroport [zone A], constitue notre premier objectif, à l’instar de nombreux orchidophiles qui nous ont précédés : au passage, nous remarquons, dans un lac secondaire, un petit groupe de flamants roses. Après une courte approche de la station et un pique-nique, nous nous dirigeons vers la Mosquée Hala Sultan Tekkesi (VIIème s.). On aperçoit l’édifice de loin dans son écrin de palmiers en bordure du lac. A l’écart de l’entrée, des aménagements ont été réalisés pour l’entretien de chats aux robes variées (nourriture, abris) qui investissent tous les environs.






La station visitée est réputée pour la quantité d’espèces présentes et certaines découvertes qui y ont été faites : l’après-midi nous y trouvons les Ophrys astarte, elegans, flavomarginata, galilea, morio, orientalis et posteria, accompagnés de l’Orchis italica, des Anacamptis coriophora subsp. fragans, collina (défleuri), syriaca (l’A.morio du Levant), de Himantoglossum robertianum (ci-après, Barlia) et de Serapias levantina

.

Entre Larnaca et Limassol

Le lendemain, nous quittons Larnaca en direction de l’ouest : à mi-distance entre Larnaca et Limassol [B], nous bifurquons au nord vers Pano Lefkara (Lefkara-Haut). Peu avant le village, une colline très riche nous accueille avec ses Ophrys alasiatica, cinereophila, flavomarginata, galilea, israelitica, lapethica, levantina, mammosa, orientalis, posteria et le bel O. kotschyi. Nous retrouvons A. syriaca, collina (passé), Barlia  et nous découvrons deux vigoureux Orchis punctulata, une plante aux fleurs jaunes qui nous a attirés dans cette région. Après cette déambulation dans la garrigue, il fait chaud : le café-restaurant spacieux, en bas de la station, fera l’affaire pour nous désaltérer. Accueil très sympathique - pique-nique en terrasse.

L’après-midi, à quelques kilomètres de là, près du lac-barrage de Dipotamos, c’est l’Anacamptis papilionacea var. caspia qui nous attire : une plante présente entre la Méditerranée et la mer Caspienne mais très rare à Chypre. Depuis Kato Lefkara (Lefkara-Bas), un itinéraire mal signalé, des pistes-pièges et en mauvais état, nous font perdre beaucoup de temps : nous atteignons le premier point ciblé où nous cherchons cet Anacamptis
vu sporadiquement dans la région. A postériori, d’après nos photos, nous pensons l’avoir vu accompagné de ses hybrides avec A. syriaca, (labelle plat caractéristique de ce type d’hybride). Nous y trouvons O. punctulata et A. syriaca
ainsi que 9 espèces d’Ophrys déjà vus, mais peu nombreux ici.

 

Le jour suivant nous revenons dans le secteur Pano Lefkara / Kato Driss / Vavla : nos informations, nous laissent penser que nous avons d’autres choses à y voir. Un enchaînement de 5 stations nous confirme une présence plus fournie d’Orchis punctulata, mais plus avancé, puis une dizaine d’espèces d’Ophrys dont iricolor, cinereophila, israelitica, ainsi que de  nombreux
Orchis italica
.

Toujours hébergés à Erimi, près de Limassol, nous visons Tochni [B]. Sur notre trajet, une vaste friche, non signalée, nous incite à faire un arrêt : nous découvrons quelques orchidées disséminées, dont l’Ophrys orientalis, l’hybride entre O. astarte et O. flavomarginata, deux lusus (O. orientalis et O. posteria), de très nombreux Barlia
mais surtout des multitudes d’anémones aux formes et coloris variés, entre blanc et rouge.

Après avoir traversé le village de Tochni, guidés par le GPS dans un entrelacement de chemins, nous atteignons l’endroit recherché. La prospection d’un vallon nous permet de voir une douzaine d’espèces d’Ophrys et de retrouver l’Orchis punctulata en nombre important mais défraîchi : nous pensons y voir également l’hybride avec l’Orchis italica.

Au retour vers Erimi [C], dans une friche très herbeuse, entre autoroute et route, près de Pentakomo, nous voyons les plus beaux Ophrys kotschyi du séjour, ainsi que O. galilaea, astarte, cinereophila. et Barlia.


Les environs de Limassol

Notre 5ème journée est consacrée à la partie Sud-Ouest de Limassol [D] en commençant par le lac salé : nous sommes dans l’enclave britannique d’Akrotiti (accès libre). La route partant du village d’Akrotiri vers l’Est, au Sud du lac, nous permet quelques visites. Une belle colonie d’Ophrys kotschyi nous y accueille, près du panneau du "Centre de recherche et d’éducation environnementale", puis nous découvrons, entre autres, Serapias bergonii et levantina, Ophrys galilaea et mammosa, Orchis italica (nombreux) et A. syriaca, ainsi que deux plantes que nous pensons être les hybrides Ophrys flavomarginata X orientalis et Ophrys lapethica X orientalis.

Nous poursuivons sur cette route jusqu’au monastère de Saint-Nicolas-des-Chats considéré comme l’un des plus anciens de l’île : une vingtaine de félins résident encore dans le cloître transformé en jardin.

De la légende à la réalité - Lors de la période de construction du monastère (5ème s) des milliers de chats furent importés d’Egypte pour contrôler la population des serpents venimeux qui infestaient l’île après une très longue sécheresse.

L’histoire raconte que les chats étaient si bien éduqués qu’ils comprenaient les signaux sonores donnés par les moines. Ceux-ci utilisaient une cloche : lorsqu’elle sonnait une fois, les chats partaient chasser, lorsqu’elle sonnait une seconde fois, c’était l’heure de leur repas au monastère. L’attribution de terres voisines était conditionnée à l’entretien d’un minimum de ces félins !
 L’habitude de garder des chats pour lutter contre les serpents s’est répandue dans la plupart des monastères de Chypre. Un grand nombre de chats rôdent encore autour des structures religieuses et sont pris en charge par les communautés locales.

Après un pique-nique près d’une plantation de pamplemoussiers, une provision de fruits tombés et une prospection rapide, peu encourageante, des environs qui constituent le locus classicus de l’Ophrys astarte (quelques-uns vus) nous nous dirigeons vers Episkopi
au Nord-Ouest en restant dans l’enclave britannique.

L’originalité du biotope recherché avec l’Epipactis veratrifolia est telle que, malgré nos informations, nous y passons plusieurs fois (route refaite et élargie) avant de le localiser : une falaise en bordure de route sur laquelle des plantes sont accrochées et bénéficient des suintements de ce "mur". Ce robuste Epipactis
fleurit en fin-juin en altitude sur les pentes du Troodos mais ici, sa situation et les conditions climatiques permettent de l’admirer très tôt (mars) : il peut dépasser 1m/1,20m.


Les grandes fleurs aux sépales jaune-verts encadrant des pétales et labelle jaune-pourprés sont réparties sur des "cannes" flexibles, intercalées entre des longues feuilles effilées. Nous sommes le 16 mars, les plantes sont en début de floraison : nous reviendrons !

Sur le chemin du retour, une prospection des abords du stade antique de Kourion nous permet de faire la connaissance de l’élégant petit Ophrys aphrodite qui, selon P. Devillers & J. Devillers-Terschuren, serait l’espèce cypriote que l’on trouve dans les comptes rendus sous le nom d’Ophrys bornmuelleri.

Sur les pentes Sud du Troodos

Non loin de notre hôtel, sur un itinéraire d’accès au Troodos par Omodos [E], nous découvrons au Sud de Souni
de vastes friches de chaque côté de la route. Nous voyons une quinzaine d’espèces d’Ophrys
très dispersés, dont certains en colonies importantes, dans une végétation clairsemée et pauvre à l’Est mais plus verdoyante à l’Ouest. Les Ophrys alasiatica, astarte, flavomarginata, levantina, orientalis, posteria, morio  sont les plus nombreux mais dans un état souvent avancé, surtout pour l’Ophrys elegans. De nombreux Orchis italica, des Anacamptis coriophora subsp. fragans en fin de floraison et des Barlia, dans un vallon.

Nous échappons de justesse au ratissage d’un troupeau de chèvres qu’un berger sympathique mais intrigué entraîne vers les pentes de la colline voisine : la communication orale est difficile et, une fois de plus, l’écran de l’appareil photo témoigne de notre activité !

 

Diversité
- Ici, dans cet espace 
ouvert, des dizaines de bidons en plastique vides, des déchets de construction, puis un peu plus loin  un grand fût  métallique au contenu huileux à demi vidé sur place et autres déchets mécaniques côtoient les orchidées.

Les oratoires proches, en bord de route,  ne sont pas en reste …. cernés par des détritus abandonnés à leurs bases…

 

Poursuivant la route vers le Nord, après Agios Ambrosios, nous bifurquons vers Vouni. Après un pique-nique à l’abri du vent violent derrière une chapelle, nous explorons progressivement d’anciennes terrasses herbeuses et garnies par endroits d’une végétation arbustive. Nous trouvons là encore une quinzaine d’espèces d’Ophrys
avec, parmi les plus abondants, O. iricolor, alasiatica et
 israelitica. Les Orchis italica et A. syriaca
sont aussi nombreux et un Neotinea maculata débute sa floraison.

Au retour, près de Pano Kivides, plus de dix espèces d’Ophrys sont là, souvent en petit nombre, mais l’Orchis quadripunctata, pas encore vu dans l’île, est très bien représenté avec A. syriaca.

Beaucoup d’espèces d’Ophrys ont été vu aujourd’hui !

Le lendemain, par une route plus à l’Est nous empruntons un  itinéraire parallèle [F]. Après un petit arrêt près de
Mathikoloni dans un environnement de caroubiers, nous approchons d’Apsiou. Le biotope, bien que ne figurant pas dans nos projets, nous inspire et nous pousse à faire une petite visite. Ophrys iricolor, Orchis italica et Barlia robertiana sont ici en grand nombre.

Après avoir traversé Apsiou et pique-niqué au pied d’une colline coiffée d’antennes, les premières prairies sont visitées avec leurs nombreux Ophrys
de la mouvance mammosa-morio-posteria. Notre prospection nous fait ensuite zigzaguer au-dessous des antennes sommitales. C’est encore une quinzaine d’espèces d’Ophrys
que nous voyons ainsi que de très nombreux Orchis italica
et, très proches, des Orchis simia qui s’avèreront être les seuls du séjour.

 

 

Après une assez longue visite nous reprenons la route vers le Nord : à Agia Paraskevi, nous avions connaissance d’une aire de pique-nique. Plus que le panneau informateur en bord de route, ce sont les voitures stationnées sur les côtés d’un chemin latéral qui nous mettent la puce à l’oreille : nous avons trouvé la "station d’orchidées du pique-nique" mais il faut consentir à laisser notre véhicule à l’écart.

Pique-nique cypriote – Habitués aux aires de pique-nique traditionnelles (2 ou 3 tables et bancs solidement ancrés au sol) dont l’utilisation relève le plus souvent de l’improvisation, nous découvrons ici (et par la suite) une autre dimension.

Dans une pinède aux reliefs prononcés, des voitures sont garées de chaque côté d’un large chemin ; comme en ville, ici, trouver une place libre doit relever de l’exploit ou de la chance ! Les occupants, en tenue de ville ou de loisir, paraissent librement répartis par affinités autour de nombreuses grandes tables-bancs en bois installées à demeure dans cette zone ombragée. Pour les adultes, les grillades, et la discussion semblent être plus à l’ordre du jour que les loisirs sportifs.

 L’animation est telle que nous n’avons pas l’impression d’être remarqués en avançant, dans une ambiance "barbecue", en quête d’un hypothétique biotope d’orchidées,  avec sacs à dos, tenue de randonnée  et appareils-photos en bandoulière.

Nous percevons, avec les installations "en dur" du site (paillasses de cuisson cimentées, sous abris, bâtiment de services annexes avec WC, lavabos, accès facilités par rampes et escaliers) que ce type de réunion ne relève pas de l’improvisation.

Combien d’hommes, femmes et enfants ici aujourd’hui ? … 300 ?500 ? …et le nombre de voitures correspondant !

Notre surprise est d’autant plus grande que nous sommes ici un Lundi : nous apprendrons plus tard que ce jour-là était férié (c’est le "Lundi propre" : ménage à fond en matinée et pique-nique l’après-midi pour ne pas salir !), ce qui incitait aux rassemblements que l’on peut imaginer fréquents et bien ancrés dans les traditions locales !

Nous découvrirons les jours suivants, en plusieurs endroits,  d’autres installations de ce type, plus ou moins spacieuses !

En bordure de la zone pique-nique, les fortes pentes sous les pins nous paraissent dignes d’intérêt. Nous dominons les convives lorsque nous découvrons l’Orchis troodi avec son éperon dressé à la verticale puis, tout proche, le Dactylorhiza romana jaune. Le nombre restreint d’orchidées ne nous retient pas longtemps ici, mais les photos s’imposent pour cet Orchis
endémique … avec ou sans arrière-plan de barbecues.

L’Orchis troodi étant annoncé encore un peu plus loin, nous quittons le pique-nique. Près de Kato Mylos, un biotope qui surplombe la route présente des pentes raides : nous retrouvons notre Orchis
dans un état un peu plus avancé, puis Neotina maculata, Limodorum sp. (tige) et, en rejoignant la voiture, un superbe pied isolé de Barlia aux couleurs vertes et rouges inhabituelles. Portrait !

Aujourd’hui nous quittons notre hébergement d’Erimi pour nous diriger, via le Troodos, vers Polis au Nord-Ouest. Nous empruntons la route principale qui relie Limassol à la zone sommitale du massif et passons près d’Amiantos, un village au nom évocateur. La proximité des mines d’amiante n’est pas de nature à nous attirer et nous pensons aux dommages que ce minéral a dus causer aux populations exposées.

Nous arrivons dans des zones d’altitude très boisées et plus froides [G] : le ski s’y pratique. Depuis la côte Sud, assez proche, au climat doux, le décalage des floraisons peut être important et intéressant mais ici, l’origine volcanique du massif, se prête moins à la présence des Ophrys.

En poursuivant en direction de Nicosie, nous arrivons au vaste pique-nique de Platania : de nombreuses tables réparties sous les pins, avec une annexe de l’autre côté de la route et des aménagements développés en conséquence. Aujourd’hui, il n’y a personne dans ce méga-pique nique ! Après un début de prospection décevant, nous trouvons enfin cet Orchis sezikiana recherché, une plante dont le statut n’est pas bien défini.

 

Jamais sans mes parents … ! L’Orchis (x)sezikiana serait un taxon hybridogène entre l’Orchis quadripunctata (éperon descendant) et divers Orchis : troodi (éperon dressé), anatolica (éperon recourbé vers le haut). Le rang d’espèce lui est, plus ou moins, attribué.

La présence des parents étant mentionnée comme quasi permanente, nous sommes perplexes devant tant de variations et c’est la position de l’éperon associée à celle de la taille de la fleur qui nous ont influencés pour nos essais de déterminations..

 

Une autre espèce à floraison plus tardive est annoncée ici : Platanthera holmboei  ; nous ne voyons que quelques rosettes de feuilles larges et longues avec, pour certaines, la hampe sèche de l’année passée et une petite tige nouvelle, boutonnée. Nous découvrons également l’arbousier de Chypre (Arbustus andrachne), un arbre en cépée ici, aux branches lisses, orangées, noueuses et quasiment dépourvues d’écorce à cette époque.

Nous reprenons notre progression en direction de Nicosie pour un détour à Asinou. La longue piste empruntée n’est pas celle que nous croyions mais elle permet de rejoindre le hameau : nous pouvons voir d’assez nombreux Orchis sezikiana accompagnés des Orchis troodi et A. syriaca. Très peu d’Ophrys ici !

Asinou, c’est aussi l’occasion de visiter la chapelle originale classée au Patrimoine de l’UNESCO : ses murs sont entièrement revêtus de peintures byzantines réalisées entre les 12° et 17°siècles.

Nous repartons vers un autre monastère célèbre : Kykkos. Au passage, dans le plus modeste pique-nique de Xystarouda
nous revoyons la nébuleuse des Orchis anatolica, troodi et sezikiana. Le retard que nous avons pris ne nous permet pas d’effectuer la visite du monastère : Dommage ! Nous nous contentons de le voir de l’extérieur car Polis et l’hôtel réservé sont encore loin. En longeant par le Nord la forêt des Cèdres, un long itinéraire de routes sinueuses nous permet de voir quelques mouflons (femelles et petits) en arrêt en bord de route et des couples de perdrix courant en "éclaireurs" devant la voiture … à la nuit tombante.

 



 

La péninsule d’Akamas

Nous avons choisi Polis pour sa proximité avec l’Akamas, un promontoire apprécié des orchidophiles. La légende a fait se baigner Aphrodite dans les environs et ses traces, jointes à celles du bel Adonis, ont marquées ce cap de sentiers auxquels nous ne pouvions résister ! [H]

Dès le lendemain, par un très beau temps (… des dieux doivent habiter ici.. !), nous empruntons la trace commune "Aphrodite-Adonis". Il fait chaud et l’Ophrys aphrodite ne tarde pas à faire son apparition, suivi des Serapias levantina et … aphroditae  ! Mais pendant quelque temps ce sont les gros et rapides lézards au corps épineux (Laudakia stellio cypriaca), qui captent notre attention en posant sur les roches près du sentier.

Nous ne sommes pas seuls sur ces boucles pédestres : l’Akamas est réputé pour ses espèces endémiques et les paysages côtiers sont agréables à voir dans un environnement facile d’accès, sous un soleil radieux. Informés de la présence locale de la tulipe de Chypre (Tulipa cypria), notre recherche, dans ce maquis préservé des activités humaines, est récompensée par la découverte de quelques plantes. Cette espèce endémique de Chypre, aux couleurs entre rouge et noir, clairsemée ici, 
semble être rare et très localisée.


Après 2,5 km, nous arrivons au point de séparation des sentiers d’Aphrodite et d’Adonis : un carrefour, avec une fontaine et un chêne gigantesque, où des promeneurs font leur choix d’itinéraire. Nous entendant parler en français, près et dans l’arbre, une personne vient à notre rencontre : Michel Séret, orchidophile de SFO-RA,

prospecte aujourd’hui l’Akamas, bien qu’hébergé à Tochni, assez loin d’ici. Quelques échanges oraux et nous nous séparons : lui continuant sur le sentier d’Aphrodite et nous sur celui d’Adonis.

Ce sentier, dont nous visitons les écarts, nous fait revoir, entre autres, les Ophrys elegans, galilaea,  israelitica, cinereophila, un nombre plus important d’espèces d’Orchis
et les Serapias levantina et aphroditae. Nous savions présente ici une variété de l’Orchis quadripunctata : O. quadripunctata var. akamasika (dont le nom n’est peut-être pas définitif !), a été décrit par G. & K. Morschek en 1996. C’est un Orchis
grêle aux petites fleurs entièrement blanches avec 4 points rouges (ou plus !) rappelant son affiliation à O. quadripunctata. Nous en découvrons une cinquantaine de pieds très discrets en bordure de sentier, dans un espace réduit.

Nous retrouvons la route asphaltée qui nous conduit au parking des "Bains d’Aphrodite". Chemin faisant, nous sommes invités dans un jardin-serre par un ancien dirigeant d’entreprise de confection reconverti dans la culture de fruits et fleurs tropico-méditerranéens : nous ne pouvons refuser goyave, citrons et… une recette d’assemblage culinaire. Une visite à la "baignoire" d’Aphrodite s’impose … l’eau y suinte depuis une voûte. Personne … !

 

 

Sacs légers …
Partis à 9 heures, sans provisions alimentaires, nous pensions boucler le circuit de 7,5 km en 4 heures mais les orchidées, lézards, photos, discussions nous ont encore piégés ! Il est plus de 17 heures : nous avons "sauté" le déjeuner mais nos organismes ne semblent pas nous en vouloir ! Habitués des décalages d’horaires nous confirmons ici notre aptitude au jeûne ! La prospection nourrit ….

 Le lendemain matin nous repartons vers l’Ouest pour suivre un itinéraire souvent visité : une piste entre Neo Chorio et le pique-nique de Smigies, maintenant asphaltée, assez proche du circuit de la veille.

Peu après Neo Chorio, nous trouvons 14 espèces en arpentant de vastes espaces, avec, parmi les plus nombreuses, les Ophrys galilaea, orientalis, astarte, l’Anacamptis syriaca, le Serapias aphroditae et Barlia.

Nous continuons jusqu’à la chapelle Agios Minas : dès notre arrêt, une femme, près de sa voiture, assiste à nos préparatifs. Nous engageons la conversation : Catherine est une naturaliste bruxelloise et propose de nous guider vers quelques orchidées découvertes ici avant notre arrivée. Nous trouvons plus de 17 espèces dont 12 pour les Ophrys
(posteria, aphrodite, …) ainsi que l’A. syriaca : les plantes sont dans un état avancé à l’exception des Serapias bergonii, aphroditae et levantina.

Nous poursuivons jusqu’au pique-nique de Smigies, un peu plus loin ; intéressée par notre spécialisation sur les orchidées, Catherine nous accompagne dans les alentours du pique-nique : nous recensons 14 espèces avec un nombre important d’Ophrys elegans
et aphrodite et d’abondants Dactylorhiza romana et Neotinea

maculata. Les plantes poussant ici sous couvert, leur état est plus frais mais l’Ophrys elegans, un habitué des pinèdes est, encore là, saupoudré de pollen qui estompe la beauté du labelle !

Nous avions prévu de continuer jusqu’à la piste menant à Drouseia
mais la route bitumée s’arrête là et une mauvaise piste prend le relais. Après quelques hésitations, nous nous y engageons en proposant à notre nouvelle coéquipière, toujours intéressée, de laisser ici sa voiture et d’emprunter la nôtre, ce qu’elle accepte. Après quelques kilomètres et des passages délicats, puis, devant les ornières impressionnantes, nous ne pouvons faire autrement que d’abandonner le véhicule et continuer à pied jusqu’au point recherché. Nous voyons au passage un dizaine d’espèces dont la série d’Orchis anatolica, sezikiana et troodi.

De l’Akamas à Larnaca

De
Polis, nous prenons la direction de Paphos et à moins de 10 kilomètres, nous atteignons facilement une proéminence, herbeuse et ventée, proche de la route principale [J] : 8 espèces d’Ophrys sont présentes ici, 
orientalis
et astarte étant les mieux représentés et 4 autres espèces, Orchis italica, Barlia et les Serapias aphroditae et levantina ne sont pas en reste (un hybride O. flavomarginata X umbilicata ? et un Ophrys à sépales verts arborant une macule complexe, …type "philippi" du Var)


Un peu plus loin, c’est le lac d’Evretou et ses environs qui nous intéressent : une approche pédestre nous permet de voir, le long du chemin qui domine le lac, une dizaine d’espèces avec beaucoup d’Orchis italica et, parmi eux, deux O. italica var. purpurea. Ces plantes, vues ici en 2004 par un Orchidophile anglais, offrent des fleurs très rouges qui tranchent  au milieu d’une population normale ! Photos …

Reprenant la direction de Paphos, vers Stroumpi
nous bifurquons en direction de Kathikas/Pegeia, avec, comme objectif, un autre pique-nique autour duquel des hybrides et autres espèces ont été signalés.

Profitant des tables, nous déjeunons ici puis commençons la prospection : L’Ophrys elegans, plutôt avancé, y est très présent mais un orage subit et violent, accompagné de forte pluie met fin à nos recherches.

Un peu plus loin, c’est le lac d’Evretou et ses environs qui nous intéressent : une approche pédestre nous permet de voir, le long du chemin qui domine le lac, une dizaine d’espèces avec beaucoup d’Orchis italica et, parmi eux, deux O. italica var. purpurea. Ces plantes, vues ici en 2004 par un Orchidophile anglais, offrent des fleurs très rouges qui tranchent  au milieu d’une population normale ! Photos …

Reprenant la direction de Paphos, vers Stroumpi
nous bifurquons en direction de Kathikas/Pegeia, avec, comme objectif, un autre pique-nique autour duquel des hybrides et autres espèces ont été signalés. Profitant des tables, nous déjeunons ici puis commençons la prospection : L’Ophrys elegans, plutôt avancé, y est très présent mais un orage subit et violent, accompagné de forte pluie met fin à nos recherches. 

Après avoir frôlé Paphos, nous faisons notre 2ème visite de la station de l’Epipactis veratrifolia [D]
à Episkopi. Nous y trouvons un ensemble beaucoup plus fleuri dont le balancement est impulsé par un vent violent !

Deux jours entre Larnaca et Limassol

De retour à Larnaca, pour cette journée le premier objectif est le monastère d’Agia Varvara [A]. Sur la route, la nécessité de faire quelques achats alimentaires nous fait entrer dans un mini-market de Kofinou.

 

"Cyprus, Republica banana"
…. scande bruyamment le jeune gérant de la boutique dès notre entrée, en guise d’expression de son mécontentement. Les évènements en cours qui visent le système bancaire, les spéculateurs et les dirigeants du pays, sont relayés ici par ce commerçant, au demeurant sympathique, qui n’a rien contre notre présence en ce lieu.. !

 Avant la visite du monastère nous prospectons les environs. Assez peu d’espèces ici et dans un état très avancé, mis à part les Serapias aphroditae, bergonii et levantina
ainsi que quelques Neotinea maculata.

 

Monastères et percussions- Après le pique-nique nous visitons le monastère où nous découvrons dans un angle de la cour une série de cloches d’appels et autres "instruments" générateurs de sons diversifiés (tôles ou planches de bois suspendues, trouées ou non, épaisses ou fines) associés à des "percuteurs" dédiés (maillet, boulon tordu, ..) utilisables manuellement, certainement pour des invitations diverses ! Imagination d’un moine percussionniste,  traditions locales … ?

Même type de « xylophone suspendu »
à Stavrovouni, le monastère "belvédère" tout proche….

 Au retour, un arrêt à l’église isolée Agios Efimianos n’est pas sans intérêt pour les orchidées voisines : les Ophrys elegans, cinereophila et israelitica
sont en nombre, ainsi que les A. syriaca, mais en état  plutôt avancé. Serapias aphroditae et levantina sont beaucoup plus frais (lusus d’O.elegans dans la prairie voisine).

Pour la dernière journée de prospection, nous revenons vers Limassol [C]. La recherche d’une station près de Pyrgos
s’avère être un échec : nous mesurons ici l’intérêt du GPS car certains descriptifs littéraux




peuvent être ambigus ou les biotopes transformés. Nous ciblons Kalavassos et son lac. Entre Asgata et Kalavassos nous découvrons une petite réserve naturelle qui propose un sentier botanique : c’est pour nous l’occasion de voir Astragalus macrocarpus subsp. lefkarensis, une espèce endémique très localisée. Les protections mises en place témoignent de l’intérêt porté à cette Astragale. Cet arrêt nous permet de revoir l’Ophrys kotschyi et une solanacée : la Mandragore (une vieille connaissance de Paros en 2008 …).

A Kalavassos [B], dans des jardins, avec les citronniers, les orangers, nous découvrons des plantes originales dont un arbre : Erythrina abyssinica, une espèce déjà vue près de Palerme. Comme en Sicile, les très beaux capitules terminaux à fleurs rouge intense apparaissent à cette saison, avant les feuilles. 

Nous terminons la journée par une deuxième visite au lac salé de Larnaca
[A] où nous constatons l’état très avancé d’espèces vues à notre arrivée, mais O. italica et divers Serapias
sont encore en pleine floraison.

 


Après un séjour pendant lequel la pluie n’a troublé qu’une seule prospection, ce 25 mars à 8 heures, la température est agréable : remise de la voiture avec 1437 kilomètres supplémentaires au compteur.

L’avion décolle de Larnaca à 10h.10 ; à 13h.45 (heure locale) il fait froid à Roissy !

 

Remerciements à J. Bry (2007), C. Casiez (2002), E.&
P-A. Kuenzi (2007), H. Mathé (1995), J.&
F. Potiron (2004), M. Rohmer (2003), A. Tandé (1997-2004), P. Veya (2002) pour leurs notes de voyages, ainsi qu’à P. Devillers et son épouse (2012) pour leurs informations récentes.


 
 
 
Espèces d'Orchidées de Chypre vues au cours de leurs périple par Jean-Claude Judes et Michel Allard

 

Espèces vues :
-
en gras - espèces endémiques et numéros des plantes présentées en page-couleur "Chypre, Akamas"

Ophrys  
- astarte [13], flavomarginata [11], kotschyi [6], lapethica [9], orientalis [3]
(groupe
 umbilicata)

 
- alasiatica [2], mammosa,
morio [10], posteria (= mammosa subsp. posteria)
(groupe mammosa)

 
- aphrodite [1], levantina
[12]
(gr. bornmuelleri) -  elegans [5] (gr. argolica)
- galilaea (gr. lutea)
 

 
- israelitica [14]
(gr. omegaifera) - cinereophila [15] (gr. subfusca)
 - iricolor
(gr. iricolor)

Orchis  
-
anatolica, quadripunctata, quadripunctata
var. akamasika, sezikiana, troodi [4]
(gr. mascula)

 
- anthropophora, italica,
italica var. purpurea, punctulata [8], simia
(groupe militaris)

Anacamptis  
- pyramidalis, laxiflora, syriaca, collina, papilionacea var. caspia, coriophora
var. fragans

Serapias  
-
aphroditae
[16], bergonii, levantina
(groupe vomeracea)

Divers  -  Neotinea maculata (gr.tridentata)
 -
Platanthera holmboei  
- Dactylorhiza romana

 
- Himantoglossum robertianum  -
Epipactis veratrifolia [7]

 

Références :
Bibliographie - Cartographie

· 
Delforge, P. Guide des Orchidées d’Europe, de l’Afrique du Nord et Proche-Orient - Delachaux et Niestlé

· 
Kreutz, C.A.J., The Orchids of Cyprus – C.A.J. Kreutz, Landgraaf 2004 (en anglais et allemand)

· 
Devillers, P. & Devillers-Treschuren, J., Ophrys of Cyprus, Diagnotics Characters, Relationships and Biogeography - Les Naturalistes belges, 2012, vol.93 (Orchid. 25) : 97-162 (en anglais)

· 
Mast de Maeght, J., Ophrys de Chypre http://www.ophrys-genus.be/cyprus.htm

· 
Reise Kow-How, carte routière "Zypern" au 1:150 000, 2012 (www.reise-know-how.de)

· 
Freytag & Berndt,  carte routière "Chypre" au 1:250 000

 

Lien Internet : Dijon, Catherine, naturaliste bruxelloise (Akamas)

http://naturewonders.org/ 



* J-C. Jude

 27 Août 2013