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Orchidées du Bassin méditerranéen - Itinérance orchidophile en Croatie

Cet article de Jean-Claude Jude et Michel Allard, extrait du bulletin 2012 de la Société Française d’Orchidophilie de Poitou-Charentes et Vendée (SFO PCV) permet aux lecteurs de faire plus ample connaissance avec les Orchidées de Croatie, mais aussi de suivre nos amis dans leur périple plein de découvertes et de péripéties parfois cocaces.
Un clic sur les noms d’espèces marquées en italique gras permet d’accéder à leur description et leur illustration par des séries de photos prises par les auteurs de l’article au cours de leur périple.





"Itinérance orchidophile "

 

En longeant l’Adriatique ….voyage en Croatie

du 07 au 27 Avril 2012 – J.-C. Jude* et M. Allard

Republika Hrvatska

Présentation

  La Méditerranée a su encore nous retenir cette année car en faisant le point des pays visités en Europe, il nous est apparu une lacune : il manquait des chaînons terrestres entre l’Italie et la Grèce déjà visités…

   La Slovénie, la Croatie, le Monténégro et l’Albanie sont donc ces pays intermédiaires mais nous ne disposions d’informations, certes embryonnaires, que sur les orchidées de Croatie  ; c’est donc ce pays qui a été notre "cible", l’Albanie ne paraissant pas présenter, encore de nos jours, une ouverture susceptible de nous satisfaire !
 Les conflits en ex-Yougoslavie dans les années 1990 ayant tenu les botanistes à l’écart de ces terres, peu d’informations ont circulé et il a fallu attendre une stabilisation de la situation tout à la fin de siècle dernier pour voir les Orchidophiles revenir sur le terrain partiellement déminé (des zones à risque existent encore à ce jour…).


  Avec ces transformations récentes d’Etats de cette région des Balkans, et la Croatie n’étant pas un pays "majeur" en Europe, beaucoup de gens connaissent mal ce pays : c’était un peu notre cas avant d’y situer notre intérêt…
 

Bases d’informations

  Nous disposions d’un compte-rendu de prospections réalisées en Istrie entre 1994 et 2000 par Stefan Hertel (orchidophile bavarois) mais il nous manquait des renseignements sur le reste du pays. Le compte rendu du voyage fait en 2007 par Alain et Marie-Louise Barbiero, en compagnie de G. & W. Foelsche, nous a bien aidés ; des recherches sur Internet nous ont conduits vers le site de J. Mast De Maeght où les noms de S. Hertel et Roko Cicmir (Orchidophile croate) sont cités comme spécialistes de la Croatie. Des contacts avec notre interlocuteur bavarois nous ont permis de disposer de notes sur les Orchidées de Dalmatie et, nous avons trouvé sur le site des informations complémentaires accompagnées de nombreuses photos d’Ophrys croates.
 
 

  En prenant en compte des informations provenant de H. Zelesny, Hass, C.A.J. Kreutz,Foelsche et P. Delforge, notre base
d’informations nous permettait d’élaborer un programme de visites.

  Cependant, certains compte-rendus, antérieurs à des découvertes et modifications taxonomiques ne mentionnent pas les taxons nouvellement nommés ; ainsi, les notations "sphegodes" ou "araneola, petits tardifs" de l’époque correspondent maintenant à plusieurs espèces distinctes et peut-être pas toutes rattachées au même groupe….

  Les espèces que nous souhaitions voir et la période favorable étant définies, nous avons opté pour un itinéraire proche des côtes de la mer adriatique depuis le Sud de la Dalmatie (frontière du Monténégro) jusqu’en Istrie (près de la Slovénie).


 Accès au point de départ des prospections
 

   Après des itinéraires personnalisés en France, nous nous rejoignons à l’entrée du tunnel du Fréjus le 7 avril pour passer en Italie. Désirant atteindre le plus rapidement possible le point de départ de nos recherches orchidophiles, nous empruntons les autoroutes pour la traversée du Nord de l’Italie, jusqu’à Trieste, puis après la courte traversée de la Slovénie nous arrivons en Croatie à Rupa : il fait froid ! (acquisition de "kunas", la monnaie locale, pour les premiers achats).
   Nous poursuivons sur un réseau d’autoroutes et, dans la direction de Zagreb, peu après Rijeka, notre impression d’arrivée se concrétise : température inférieure à 0°C et … chute de neige. Nous bifurquons vers le Sud sur l’autoroute qui, à terme, doit atteindre Dubrovnik ; à Vrgorac, fin de l’autoroute : nous rejoignons la route N-8 qui longe la côte adriatique. Après le passage du couloir d’accès à la mer de la Bosnie-Herzégovine, nous arrivons dans la région de Dubrovnik (enclave croate entre Bosnie-Herzégovine et Monténégro) puis dans le Konavle, région croate la plus méridionale.


Le chemin des orchidées

Le Konavle
 Face à l’aéroport de Dubrovnik, la présence d’orchidées en bord de route nous incite à anticiper nos prospections après ces longues heures de routes (arrêt non programmé, mais stations connues !). Nos premières orchidées croates sont là, en bord de route : Ophrys montenegrina (du Monténégro, tout proche). Nous enchaînons avec les stations prévues et le lendemain nous visitons les environs de Gruda  : la présence d’O. montenegrina se confirme rapidement mais la perplexité s’empare de nous en découvrant des espèces accompagnantes que d’autres, avant nous, ont classées "O. sphegodes". Nous sommes tentés par cette appellation à laquelle nous donnons un sens large ….


 

Lorsque nous abordons un pays avec des groupes d’orchidées composés d’espèces morphologiquement proches, nous sommes très souvent confrontés à des problèmes d’identification ("subfusca" en Sicile, holoserica en Italie,…) Puis, progressivement, avec les observations répétées, guide en main et après concertations, généralement nous sommes un peu plus ( !) à l’aise. Ici, ce sont ces Ophrys à périanthes verts, autrefois groupés sous "sphegodes" qui nous interpellent….

Dès ces premiers jours, les stations nous paraissent bien plus pauvres que ce que nos informateurs avaient indiqué. Le bilan des orchidées vues dans le Konalve : Ophrys montenegrina, incubacea, "sphegodes", incantata et des plantes mal identifiées (hybrides, variétés, …) ainsi que Neotinea maculata, A. pyramidalis et Spiranthes spiralis
(rosettes).

Près de Komaji, nous avons juste le temps de photographier l’imposant Orvet géant des Balkans (Pseudopus apodus), espèce que nous avions déjà vue en Grèce (Péloponnèse et, en accouplement, en Epire).


 

 

Presqu’île de Peljesac et île de Korcula

 


 Un peu déçus par la rareté des plantes et l’état des stations (calibrage de bords de route, biotopes incendiés et non entretenus), nous écourtons notre présence dans cette région de Dubrovnik.

Arrivés sur la presqu’île de Peljesac - nous ne sommes pas encore très éloignés du Monténégro - 
nous constatons que les Ophrys liburnica ont remplacé les O. montenegrina.

L’arrivée de la pluie perturbe la prospection d’une station, réputée riche, où nous ne trouvons que les Orchis italica et pauciflora.

A
Orébic, première traversée en ferry de 20 minutes pour débarquer sur l’île de
Korcula. A l’entrée de Lumbarda
(proche de Korcula-ville), nous trouvons peu d’orchidées : les Ophrys
sont représentés par incubacea, sicula et
liburnica
et les Orchis par italica, simia et quadripunctata.

Au centre de l’île, entre Cara et Zavalatica nous retrouvons certaines de ces espèces mais notre cible est Serapias ionica. Nous en trouvons à peine 10 et nous n’en verrons plus par la suite ! C’est une petite plante qui rappelle un peu Serapias neglecta, avec un labelle plus foncé.O. bertolonii est également présent.

Nous enchaînons nos prospections à l’Ouest de l’île dans l’axe Potirna-Vela Luka. Guidés par un autochtone, nous passons la nuit dans un camping-fantôme (aucun campeur … ni gérant !) … cependant en service… Les places y sont colonisées par des Ophrys liburnica, sicula (mini), des Ophrys
de type "exaltata" (mais, à périanthe vert foncé, assez proches d’Ophrys archipelagi) ainsi qu’Orchis italica.
Non loin de là, une série de trois stations nous offre à voir lesOphrys rhodostephane,archipelagi
(peut-être !), incubacea et sicula,
Anacamptis morio picta, les Orchis anthropophora et italica, ainsi que Neotinea maculata. Nous sommes satisfaits du nombre de plantes vues….


Habitués à pratiquer le camping "libre" avec nos véhicules aménagés, il nous a paru prudent de fréquenter des campings croates pour respecter les lois locales annoncées sévères. Cependant, la saison choisie n’étant pas hautement touristique et les lieux fréquentés étant parfois isolés et dépourvus d’aires de camping, nous avons parfois fait du camping "sauvage" … sans être inquiétés.

Nous souhaitons continuer vers l’île de Hvar : une liaison maritime directe entre Korcula et Hvar étant incertaine, nous préférons revenir sur le continent en faisant les trajets inverses.

 

Echappée en Bosnie-Herzégovine : Mostar

Après le retour sur le continent nous passons le couloir bosniaque : formalités douanières comme à l’aller. Un pont maritime croate semble prévu pour éviter le passage dans ce couloir étranger en créant une dérivation par la presqu’île de Peljesac, certainement avec la prolongation de l’autoroute !

Nous faisons un détour de 50 km en Bosnie-Herzégovine pour visiter la ville de Mostar traversée par le fleuve Neretva : la pluie et les pavés glissants nous y accueillent. Cette ville a été le siège de conflits entre Serbes, nationalistes Croates et Bosniaques musulmans : le célèbre "vieux pont" (XVème) reliant les 2 bords, jusque-là épargné, a été détruit par un obus en Novembre 1993,  puis reconstruit à l’identique en 2004. Des traces du conflit subsistent çà et là et, près d’une mosquée, le cimetière musulman aux tombes récentes témoigne de la violence des combats en cette fin 1993.

De retour en Croatie, nous traversons le vaste delta de la Neretva : un paysage de marécages et de 
lagunes très géométrique, vu du Sud. Nuit dans le delta au camping "Autokamp Rio" (déconseillé : sale et cher !).



Deuxième île croate : Hvar

Après un passage à Ploce, sur la route N-8, nous prenons le ferry à Drvenik pour Sucuraj (35 minutes), à l’Est de l’île de Hvar. Cette île de 70 km de long environ et de 3,5 à 10 km de large est desservie par une route principale médiane : les stations prévues sont proches de cet axe. 

Le "locus classicus" (lieu d’origine de l’exemplaire-type) de l’Ophrys rhodostephane constitue notre premier objectif : nous ne le trouvons pas mais, quelquesO. liburnica, bertolonii et O. italica
sont là. Un peu plus loin  nous prospectons les environs du village Gdinj  : c’est ici que nous retrouvons l’Ophrys rhodostephanesous la pluie précédant de violentes averses. Nous voyons aussi les Ophrys liburnica, sicula, les Orchis quadripunctata, pauciflora, italica et Neotinea maculata. Nous découvrons le plus de plantes dans l’enclos …autour de l’église, avec un hybride non déterminé d’Ophrys liburnica
et les rosettes de Spiranthes spiralis ….émergeant entre les pavages entourant l’église !


Notre progression sur cette route centrale s’effectue par séries de prospection des côtés et des enclos voisins : quelques espèces déjà vues, l’Orchis anthropophora et une colonie de Dactylorhiza romana
roses et bancs de grandes tailles dans un espace très humide.

Route dangereuse dans l’île de Hvar ! Une manœuvre sur cette route principale surélevée et sans protections est à l’origine d’une position originale du camping-car : roues arrière sorties de route en contrebas, châssis "posé" sur l’asphalte et véhicule en travers. Des jeunes croates "mobilo-équipés" nous rendent service en appelant un dépanneur : avec une grue de dimension respectable le camion est remis dans l’axe normal ! Après 2 bonnes heures dédiées à la circulation, nous poursuivons notre périple !

Entre Stari Grad
et Hvar-ville, 2 belles stations nous permettront de voir, entre autres, Ophrys leucadica et son hybride avec O. liburnica ou(O. tommasini, non vu ici !),O. rhodostephane et lutea (mini) ainsi que des hybrides
Orchis pauciflora X quadripunctata.


Dès notre arrivée, nous avons constaté l’univers très minéral de la Croatie par ses paysages rocheux bordant l’autoroute. Nous en avons la confirmation dans les îles visitées où les pierres qui envahissaient les terrains voués à la culture ont été rassemblées dans les très nombreux et larges murs constituant des enclos : ces murs servent souvent de chemins d’accès mais ne favorisent pas les prospections dans ces enclos qui, pour la plupart, sont en friches.

 Près de Vrbanj nous cherchonsl’Ophrys pharia (normalement plus tardif) : nous trouvons des plantes en boutons et un Ophrys tout juste ouvert aux gibbosités moins longues que celles d’O. rhodostephane mais qui doit appartenir au groupe d’Ophrys oestrifera. Pas très loin d’ici, sur le site du "locus classicus" de l’Ophrys pharia, nous ne trouvons pas cette plante ! Direction Sucuraj : nous quittons l’île de Hvar !


Dalmatie Centre-Nord


 
De retour sur le continent et la route N-8, nous traversons Makarska puis bifurquons vers la Cetina (fleuve connu pour le rafting). Non loin de Slime (Zadvarje), accueil par un " professionnel" du rafting et un récoltant de vin très local… ! Dans les pentes environnantes nous sommes confrontés à des espèces aux caractères variés : nous pensons y voir les Ophrys liburnica, archipelagi et incantata. Pas de doute pour l’Orchis purpurea tout neuf !




Un détour vers le "locus classicus" de l’Ophrys flavicans, près de Donji Dolac, nous fait découvrir des carrières de marbre, des bords de route constellés de décharges sauvages et une zone difficile d’accès : nous n’insistons pas ! Quelques maigres Anacamptis morio dans les environs.

Cinq heures du matin : réveil par un concert de cloches prolongé diffusé par le clocher du cimetière voisin !

Nous profitons du passage près de Split pour visiter la vieille ville établie à l’intérieur de l’immense palais de l’empereur romain Dioclétien (IIIème). Sous une pluie battante et sous les échafaudages de chantiers de réhabilitation, cette visite est écourtée : c’est dommage... Avec le mélange architectural des genres (ancien-contemporain) en façade maritime  nous avons des doutes sur la qualité de la "liste du patrimoine mondial de l’Unesco" sur laquelle cette ville est inscrite !

En reprenant notre fil d’Ariane un moment délaissé (la route côtière N-8), nous visitons une série de stations  programmées entre Split
et Sibenik. L’Ophrys flavicans, réputé plus précoce, est présent à plusieurs endroits, encore en bon état, avec les Ophrys bertolonii, incantata , rhodostephane, incubacea, les Orchis quadripunctata, pauciflora et Himantoglossum robertianum en fruits. L’Ophrys liburnica semble rare ici.

Entre Sibenik et Zadar nous longeons encore la côte et avec des espèces précédentes, nous trouvons Neotinea tridentata, des Ophrys archipelagi(qui nous paraissent toujours différents de ceux vus dans le Gargano), sphegodes" ….
L’Anacamptis morio est présent et des Orchis quadripunctata
tapissent une friche en bord de mer.

A Biograd nous nous dirigeons vers l’autoroute pour accélérer notre avancée vers le Nord et Senj, ville côtière (château-fort) située dans le Quarner
(ou Kvarner, région située entre la Dalmatie et l’Istrie qui inclue une zone côtière, une baie et un archipel de l’Adriatique)
.



Au sud de Senj, le coteau ciblé nous offre à voir des Ophrys archipelagi (toujours différents de ceux du Gargano), et d’autres Ophrys
aux labelles tantôt long, tantôt ronds !


L’Istrie de l’Est

Nous revenons vers Rijeka, le grand port pétrolier de Croatie pour rejoindre l’Istrie. Cette région nous apparaît plus végétale avec des collines très boisées : plusieurs visites sont prévues à l’Est entre Boljun et
Paz sur des bords de routes. Nous y trouvons, entre autres, les Ophrys tommasiniet "sphegodes", Orchis purpurea, Anacamptis morio, Cephalanthera longifolia et Neottia nidus-avis
(tiges sèches de l’an passé).

Un peu plus à l’écart, entre Paz et Cerovlje, l’Orchis elegans nous a été annoncé mais en fait il s’agit de l’Orchis ovalis que nous avons déjà rencontré plusieurs fois en Italie. Nous le trouvons en compagnie de l’Ophrys insectifera …encore sous la pluie !

Sur notre itinéraire vers le Sud de l’Istrie, d’autres stations sont visitées : nous y voyons de très nombreux Anacamptis morio dans l’une et des Orchis pauciflora sur plaques rocheuses dans une autre. ainsi que de belles pivoines en fleurs.

 

L’Istrie du Sud

C’est la présence annoncée de l’Ophrys zinsmeisteri (ou kvarneri … du Quarner) qui nous attire près de Pavicni : nous n’en trouvons que 2 pieds dans une zone de "résidences sauvages"



Cette zone qu’un de nos informateurs orchidophiles appelle "camping délabré" est forcément connue de la population, des autorités locales et …des gestionnaires du petit bloc épicerie-bar-banque, commerce unique à 500 mètres. Son occupation semble être l’œuvre de squatters épisodiques qui ont abandonné momentanément des matériels divers (tôles ondulées, réservoirs d’eau, caravanes plus ou moins éventrées..), mais certaines parties présentent des aménagements plus sophistiqués (clôtures, murs en dur, jardinets). Le tout avec des chemins aléatoires, dans un espace boisé, à quelques dizaines de mètres d’une route en cul-de-sac menant à un vrai village-vacances et assez proche de la mer et …personne en vue le 22 avril.

Nous commençons à relativiser la rigueur annoncée en matière de camping sauvage et les mises en garde des touristes (sur Internet) assorties de catalogue de sanctions !!!

Une remarque : en dehors des postes-frontières, nous avons l’impression de ne pas avoir vu de policiers en Croatie ….


 



En bord de route les orchidées sont présentes avec les Ophrys incantata, "sphegodes" (avec un  O. "sphegodes"
hypochrome), et Anacamptis papilionacea rubra.

Bien que déçus par les "locus classicus" précédents, nous tentons celui de l’Ophrys zinsmeisteri un peu plus loin, près de Kavran
par une piste menant à une autre zone de "résidences sauvages". Même résultat : pas d’O. zinsmeisteri
ici mais une compensation avec un pied d’Ophrys untchjii et quelques "O. sphegodes".

La liaison Kavran-Valtura nous semble prometteuse : selon nos informations, des orchidées sont réparties le long de la route sur 7 km ! Nous y sommes : à la sortie de Kavran, la route est devenue une piste et l’herbe des côtés est remplacée par un empierrage !!! Nous nous arrêtons  à certains endroits, devant des talus pourvus d’Ophrys "sphegodes", incantata, d’Orchis pauciflora et de Cephalantera longifolia.

Avant d’atteindre la pointe Sud de l’Istrie, quelques stations dans l’axe Medulin-Pomer-Banjole
nous proposent des Ophrys « "sphegodes" (normaux et petits), bombyliflora et bertolonii, des Anacamptis morio et papilionacea, Orchis pauciflora, Serapias lingua et des hybrides A. morio X papilionacea.

Un autre prometteur nous attend : la presqu’île de Kamenjak, au Sud de Premantura. Nous ne sommes pas déçus de cette langue de terre qui développe une piste de plus de 3 km dont les abords méritent une visite détaillée : nous le faisons avec les véhicules par enchaînements prospectifs  mais il semblerait plus agréable de faire le parcours pédestre complet (en l’étendant à d’autres parties de la presqu’île) avec le pique-nique. L’accès, libre hors saison (c’est notre cas), y est soumis à un péage aux beaux jours.

Notre "moisson" d’orchidées : les Ophrys bertolonii*, incubacea, bombyliflora, untchjii,les
Anacamptis  papilionacea, morio, morio picta
(nous n’avons pu déterminer parmi les picta
la variété skorpilii
mentionnée par P. Delforge comme présente un peu partout en Croatie), Serapias lingua, des hybrides bombyliflora X tommasinii,bertolonii X incubacea, Spiranthes spiralis (rosettes), … mais pas de
Serapias istriaca,
ni A. coriophora var. fragans,
 pourtant présents ici, mais plus
tardifs …

* Quelques-uns de ces Ophrys bertolonii ont des périanthes plus ou moins verdâtre, quelques fois d’un vert clair lavé de rose ; certains orchidophiles, dans leurs C-R., ont considéré ces plantes comme étant des Ophrys bertoloniiformis mais cette espèce n’est, à ce jour, normalement localisée qu’en Italie (Gargano, Abbruzes).

Sympathique rencontre avec deux orchidophiles allemands sur le terrain : échanges d’informations !

 

L’Istrie de l’Ouest

Passant près de Pula, la plus grande ville d’Istrie, nous faisons une pause-orchidées d’un après-midi pour y consacrer une visite de la partie ancienne. L’empreinte romaine y est visible avec l’amphithéâtre, un arc de triomphe, un temple et 2 théâtres antiques. Depuis sa création par les Grecs, la situation de cette ville a attiré de nombreuses convoitises de la part de pays environnants.

Après cette visite, nous orientons notre progression vers la Slovénie et l’Italie, dernière "ligne droite" croate ; mais sur la route, nous avons prévu de voir quelques stations d’orchidées dans un secteur Bale-Rovinj-Golas.

Sur l’axe Bale-Rovinj, nous trouvons une station parmi les plus riches du séjour, avec les Ophrys tommasinii,incantata,untchjii, medea, les Orchis pauciflora, simia, purpurea, les Anacamptis morio et papilionacea, ainsi que Neotinea maculata. Il ne fallait pas manquer ce passage !

Pour terminer, un chemin suivi sur 3 kilomètres et une station près de Golas
nous permettent de voir quelques plantes : Ophrys incubacea, untchjii, tommasinii, incantata, Anacamptis morio et pyramidalis.

Un détour, un peu avant la frontière slovène nous donne l’occasion de parcourir des prairies colonisées par des Anacamptis morio.

Notre séjour en Croatie se termine, un peu plus tôt que prévu : mauvaise météo , rareté des plantes, visites de stations écourtées (voire supprimées), défaut d’appréciation des distances …. Nous traversons le "couloir" slovène et rentrons en Italie …

 

Italie « On ne va pas passer comme des sauvages ! »

Nous roulons sur l’autoroute A4 entre Trieste et Venise… et nous avons de l’avance …


Arrêt sur une aire de repos +  concertation  =  visite de
Venise !

Un camping dans les environs, à portée de bus, un "pass-24h" (bus et vaporettos) pour une journée vénitienne … bien plus fatigante qu’une prospection !



Le gondolier n’est pas loin !

Nous reprenons l’autoroute : Vérone est sur notre itinéraire et le lac de Garde
pas très loin : une petite visite aux Ophrys benacensis que nous connaissons ici. Une nouvelle fois sous la pluie, nous les trouvons ainsi que leurs hybrides avec O. insectifera et O. incubacea
 !


Bilan

Tant pour les orchidées que pour le climat, nous avons l’impression de ne pas avoir vu la Croatie sous son meilleur jour !


Locus classicus : 13 espèces d’Ophrys ont été découvertes en Dalmatie ou Istrie (dont 8 entre 2001 et 2004) : O. archipelagi, liburnica, incantata, rhodostephane, medea, pharia, zinsmeisteri (= kvarneri, nom récent), dinarica, illyrica, tommasinii, flavicans, untchjii et tetraloniae. Disposant de localisations précises, nous avons visité 5 de ces locus classicus : les prospections se sont avérées nulles !

Nous en avons été étonnés car la plupart de ces sites ont été découverts récemment et, qu’en principe, un locus classicus est justifié par la présence d’un nombre significatif de plantes !


Nous pensons que cette année n’a pas été profitable aux espèces d’orchidées précoces : la Croatie a dû subir les mêmes aléas climatiques que ceux que nous avons connus en France, avec des températures basses faisant suite à une période anormalement douce en tout début d’année. Sur la base des informations que nous avions collectées, nous avons remarqué la rareté des plantes sur les stations en début de séjour puis des floraisons plus normales à la fin. Pour nous, avec une trajectoire "quasi-linéaire", les prospections ont été plus décevantes au Sud de la Dalmatie qu’en Istrie, toutes espèces confondues. Il semble que le même phénomène se soit présenté en France entre les espèces précoces et les plus tardives !


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Nombre total d’espèces vues : 39/40 (avec Italie : 41/42)

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Espèces (espèces régionales en gras et groupes entre parenthèses) :

 - Ophrys - leucadica (funerea)– lutea, sicula (lutea)– bombyliflora (tenthredinifera)– insectifera (insectifera)

 
- medea, untchjii
(tetraloniiae)zinsmeisteri (heldreichii) – montenegrina (mammosa)

 
- rhodostephane, ?oestrifera
(oestrifera)liburnica, incantata, archipelagi (exaltata)

 
- bertolonii, flavicans
(bertolonii)– sphegodes (sphegodes)– incubacea, tommasinii (incubacea) 

 - Orchis - quadripunctata, ovalis, pauciflora (mascula)- anthropophora, purpurea, italica, simia (militaris)

 - Neotinea- maculata, tridentata (tridentata) 

 - Anacamptis - pyramidalis (pyramidalis)– morio, picta (morio), papilionacea var. rubra (papilionacea)

 - Serapias– parviflora (parviflora)– lingua (lingua)ionica (vomeracea) 

 - Dactylorhiza romana – Cephalanthera longifolia 
 

 - Himantoglossum robertianum (robertianum) fruits– Neottia nidus-avis (an passé) – Spiranthes spiralis (ros.)

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Hybrides - Ophrys bertolonii X incubacea, Op. bombyliflora X tommasinii, Op. forme exaltata X liburnica

 
 - Op. leucadica X tommasinii, Op. medea X untchjii, Op. untchjii X tommasinii

 
 - Orchis pauciflora X quadripunctata, Anacamptis morio X papilionacea  

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Lusus  - Ophrys incantata et liburnica, Orchis italica, Anacamptis morio

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Hypochromies Ophrys incantata, montenegrina, sphegodes

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Vu en Italie (lac de Garde) : - Ophrys benacensis (bertolonii),  insectifera - Himantoglossum adriaticum

 
 
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hybrides
O.benacensis X incubacea, O.benacensis X insectifera



Informations sur les images d’orchidées ci-dessus
Ophrys medea (Istrie, 26/4)
Ophrys flavicans (Dalmatie, 19/4)
Ophrys rhodostephane (île de Hvar, 17/4)
Ophrys incantata(Dalmatie, 19/4)
Ophrys montenegrina(Dalmatie-Sud, 9/4)
Serapias ionica(île de Korcula, 12/4)

Ophrys liburnica (Dalmatie-Sud, 11/4)
Ophrys zinsmeisteri(Istrie, 22/4)
Ophrys tommasinii (Dalmatie, 19/4)
Ophrys untchjii (Istrie, 23/4)
Ophrys archipelagi (île de Korcula, 13/4



Partis de France le 7 avril, nous sommes de retour le 30 avril avec un supplément de 5878 kilomètres au compteur.


 


Remerciements à  S. Hertel, A.
& M-L. Barbiero, G. & W. Foelsche, H. Zelesny, Hass et R. Souche, pour leurs informations


Références

Bibliographie /
Cartographie

-
Delforge, P., éditions 1994, 2001 et 2005 - Guide des Orchidées d’Europe d’Afrique du nord et du Proche Orient Delachaux et Niestlé

- Delforge, P., 2006 – Contribution à la connaissance des orchidées de Croatie – Les Naturalistes belges 87 (orchid.19), 201-216

- Freytag & Berndt – Carte routière " Croatie Côte " (Istrie – Dalmatie – Ragusa) au 1 :200 000

 

Internet

  - Mast De Maeght, J.- Ophrys de Croatie – http://www.ophrys-genus.be/croatia.htm

 

Illustrations

- Carte itinéraire et photos des auteurs

- Carte Croatie-régions - Daniel Dalet – fonds de cartes libres - http://d-maps.com/


 

 

* J-C. Jude : jc.jude@orange.fr