COMPTE-RENDU DE SORTIES
Week-end des 8 et 9 mai
les quatre premières sorties 2021 de la SFO-PCV
Textes et photos : J.-C. Jude & J.-M. Mathé
Les mesures de confinement ont entraîné l’annulation des actions programmées jusqu’au 2 mai compris. C’est pourquoi les premières sorties de la SFO-PCV ont seulement eu lieu le second WE de mai, selon le programme publié sur notre site, et cela dans le respect des règles sanitaires en vigueur : groupes de 6 sur le terrain (dont un accompagnateur) et couvre feu à 19 heures.
Ces sorties, au nombre de 4, se sont déroulées le samedi 8 à Juignac (sud-Charente) et à Fontenille (sud des Deux-Sèvres), puis le dimanche 9 à Saint-Loup (Charente-Maritime) et à Nanteuil-Exireuil (Deux-Sèvres).
Samedi 8 mai : randonnées dans le Montmorélien (16).
Accompagnateurs : Alain Gaillard (Chemins) et J-M Mathé (SFO-PCV).
La traditionnelle randonnée organisée par les marcheurs de « Chemins », du Rouillacais, et la SFO-PCV n’avait pu être organisée en avril 2020, et celle prévue fin avril 2021 avait été repoussée au 8 mai, Covid oblige !
Une dizaine de personnes se sont donc retrouvées sur le parking de l’Abbaye de Maumont, à Juignac, pour une randonnée matinale de 10 km, la boucle commençant par la visite du coteau de Maumont, bien connu des orchidophiles. Hélas, ici comme partout ailleurs dans la partie sud des Charentes, la floraison se révèle cette année très décevante, pour ne pas dire catastrophique. Plusieurs matinées de gel ont fait disparaître les plantes les plus précoces, puis la sécheresse (qui sévit depuis plus de deux mois) n’a pas permis aux plantes suivantes de s’épanouir normalement. Résultat : beaucoup moins de plantes fleuries et souvent de piètre qualité.
Le bilan de la matinée s’est donc limité à 6 espèces : orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis) présent ici ou là sur les coteaux et les bermes de routes ; orchis bouc (Himantoglossum hircinum), en boutons, orchis pourpre (Orchis purpurea) en fruits, sauf quelques pieds encore bien fleuris à l’ombre d’une haie, orchis militaire (Orchis militaris), une seule mais très belle station , orchis homme pendu (Orchis anthropohora), lui aussi bien fleuri et, surprise de la journée, ophrys abeille (Ophrys apifera), avec plusieurs dizaines de pieds en pleines fleurs sur une pelouse privée mais accessible en bord de chemin.
La randonnée de l’après midi, suivant une autre boucle de 21 km, était surtout l’occasion d’apprécier une région vallonnée, le plus souvent le long de chemins agréablement ombragés en sous-bois.
Samedi 8 mai à partir de 10 heures : sortie à Fontenille (79) "Orchidées en vallée de Boutonne"
Accompagnateurs : F. Conort (Deux-Sèvres Nature Environnement) & J-C. Jude (SFO-PCV) Cette sortie, commune à DSNE et SFO-PCV, relancée par DSNE après une 1ère édition en 2018 aconcerné 3 sites assez proches dans la commune de Fontenille-St-Martind’Entraigues dont le potentiel orchidées local est de l’ordre de 25/27 espèces. Un chantier d’entretien et de restructuration a été réalisé en 2019 dans l’espace communal des Chaumes Pelées par DSNE, SFO-PCV et des étudiants BTS du Lycée agricole de Melle.
Ce 8 mai à 10 heures, avant le départ, une fiche de présentation des orchidées présentes ici est remise aux 9 participants préinscrits.
Le matin, par beau temps, nous parcourons les sites du stade et des Chaumes Pelées (y compris 2 des 3 riches prairies privées attenantes, l’une juste fauchée). Comme dans d’autres stations de la région, nous constatons que les orchidées, ont fait les frais d’une récente période anormale (chaleur anticipée, gel, puis sécheresse) avec un nombre réduit de plantes et de faibles développements. Cependant les populations présentes confirment l’intérêt de cette station. C’est parmi les orchis militaires et les orchis à fleurs lâches que nous trouvons les plus belles plantes. L’orchis brûlé s’est multiplié : 6 pieds assez proches.
Dans l’une des prairies l’hybride entre l’ophrys bécasse et l’ophrys insectifera, est fidèle au même endroit. Mais l’évènement marquant de la visite est la découverte de 2 beaux pieds de sérapias à long labelle. Cette orchidée, déjà trouvée dans une prairie à 800 m d’ici n’avait pas été revue depuis 2018 : Serapias vomeracea est donc bien encore présent en Deux-Sèvres.
Après un pique-nique rassemblant 6 personnes, la visite se poursuit l’après-midi aux Chaumes Pelées dans une zone boisée proche de la lisière sud où nous retrouvons, entre autres, l’ophrys bécasse aux périanthes verts (non hybridés !) régulièrement vus ici ces dernières années, à côté de plantes normales, ainsi que l’ophrys litigieux toujours fleuri depuis le 26 mars.
Puis après un court transfert, et la visite sans résultat d’une friche découverte récemment avec sa population d’ophrys abeille au labelle jaune, nous pouvons voir dans des parcelles privées de Fontenille les belles floraisons de l’orchis pourpre et l’orchis militaire ainsi que celles de 2 de leurs hybrides bien différents. Dans la prairie voisine, l’ophrys bécasse est assez rare et la platanthère est encore peu émergeante : nous avons ici une impression de "vide" dans cet espace habituellement si attrayant !
Lors de cette journée nous avons vu 14 espèces fleuries, dont 13 aux Chaumes Pelées, avec :
-pour les ophrys : O.araneola, aranifera, insectifera, passionis, scolopax,
-pour les orchis : O.anthropophora, militaris, purpurea, -pour les anacamptis : A.morio, laxiflora, -pour les autres espèces : Neottia ovata, Neotinea ustulata, Platanthera chloranta, Serapias vomeracea
Espèces, en bouton :Anacamptis pyramidalis, Dactylorhiza elata, Gymnadenia
Espèces défleuries (vues en début de saison) : Ophrys suboccidentalis, Orchis mascula
Hybrides : Ophrys insectifera x scolopax (nelsonii), Orchis militaris x purpurea (hybrida)
Dimanche 9 mai à partir de 14 heures : sortie à Nanteuil - Exireuil (79)
"Orchidées préservées de l’ancienne carrière du Puits d’Enfer"
Accompagnateurs : Nicolas Cotrel (DSNE) & J-C. Jude (SFO-PCV)
A 14 heures à Saint-Maixent nous accompagnons les onze personnes inscrites (dont un enfant de 8 ans) jusqu’à l’entrée du site de la Piochère où la station est présentée avec la remise d’une fiche descriptive aux participants.
Entrant en partie haute de la carrière (nous sommes à Nanteuil), nous empruntons une piste dans un espace boisé avec quelques mini-clairières. Dès le début, un groupe d’ophrys araignée nous accueille, puis apparait l’orchis bouffon sur la piste-même, en bon état ou fané selon l’exposition. Aussitôt après, dans un espace ouvert, l’ophrys araignée est accompagné de l’ophrys de la passion, …bien petits mais visibles dans cette végétation clairsemée… ! L’orchis bouc, en bord de chemin, présente des rosettes de feuilles ou des hampes non fleuries.
Après cette incursion, un retour nous permet de rejoindre le chemin descendant par un passage ombragé : un orchis mâle solitaire aux feuilles brillantes et très tachetées y monte la garde ! Puis, dans la descente, nous retrouvons l’ophrys araignée/passion : la dernière colonie dans notre progression car en bas le biotope ne doit pas convenir à ces espèces.
Dans la partie basse de la carrière, la passerelle sur le ruisseau du Puits d’Enfer nous permet d’entrer sur le territoire d’Exireuil et de découvrir les fronts de taille abandonnés. Un "tertre" de rebuts minéraux s’est végétalisé : nous verrons par la suite que sa pente opposée accueille aussi l’orchis bouffon. Un sentier nous permet d’accéder à une plateforme où l’orchis bouffon est encore là, en pleine floraison ou fané, montrant la polyvalence de cette orchidée en matière de biotope.
Cette plateforme, est traversée par une "mare" très peu profonde qui draine les eaux de pluies, s’assèche en période chaude. Le sol humide de chaque côté de la mare, constitué d’incrustations de pierres bleues concassées extraites ici, est un biotope surprenant qui convient à la spiranthe d’été. Lors de la visite nous voyons des petites feuilles étroites de S. aestivalis qui annoncent la floraison du mois de juillet. A distance de l’humidité de la mare, la spiranthe d’automne est également présente, jouxtant parfois la spiranthe d’été. Les rosettes de S. spiralis, commencent à jaunir : elles disparaîtront bientôt puis seront remplacées par de nouvelles en août, après les floraisons. Au-delà de la mare, roseaux et épipactis de marais font biotope commun et les très petites feuilles d’épipactis que nous finissons par détecter laissent penser que la croissance de la plante, qui fleurit densément ici avant la spiranthe d’été, est rapide.
Comme la spiranthe d’été, l’orchis à fleurs lâches s’est également installé dans cette partie humide mais à une échelle très modeste : 1 pied de chaque côté de la mare ! Enfin, nous trouvons dans ce fond de carrière une autre orchidée qui affiche sa polyvalence : un orchis mâle, mais, dont les feuilles ne sont pas tachées comme celles de l’orchis vu en haut.
Le bilan orchidophile de cette visite (comptages faits lors de la pré-visite du 6 mai) :
5 espèces fleuries : Anacamptis morio (N >600), Ophrys aranifera/passionis (> 50), Orchis mascula (2), Anacamptis laxiflora (2)
4 espèces non fleuries(feuilles/rosettes):Spiranthes aestivalis, Spiranthes spiralis, Epipactis palustris, Himantoglossum hircinum (< 10)
Dimanche 9 mai : sortie à Saint-Loup (17)
Accompagnateurs : J-C Querré, J-M Mathé & André Merlet.
Cette sortie avait pour but de découvrir quelques uns des coteaux de la Trézence, autour du marais de Landes, dans le nord-est de la Charente-Maritime, près de Saint-Jean d’Angely.
Dix personnes étaient présentes au rendez vous, le matin au hameau des Renardières, commune de Saint-Loup, en marge du marais. De là, Jean-Claude nous a guidés pour une boucle, à pied, qui a permis de découvrir une succession de stations bien exposées au sud. Plusieurs jachères, tout d’abord, ont montré les premières orchidées : orchis pyramidal (A. Pyramidalis), Orchis pourpre (O. purpurea), défleuri, orchis bouc (H. hircinum), en boutons, Orchis homme pendu (O. anthrophora), et surtout ophrys bécasse (O. scolopax) avec de très beaux spécimens, et orchis militaire (O. militaris), bien fleuri.
Ces belles jachères sont la propriété du Conseil Départemental de Charente-Maritime. Un plan de gestion favorisant le maintien de leur biodiversité est en cours d’élaboration. Plus loin, la prairie rase qui a vu la découverte de l’ Ophrys suboccidentalis (défleuri depuis longtemps à cette date) montrait seulement les derniers pieds fleuris d’Orchis araignée (O. aranifera).Le site est entretenu par pâturage extensif de bovins.
Un dernier petit coteau avec une pelouse rase se révélait plus riche, avec des orchis pourpres encore bien fleuris, des Orchis homme pendu, des orchis pyramidaux, des ophrys bécasse et des orchis bouc.
Quelques centaines de mètres en voiture permettaient d’aller pique niquer au hameau du Grand Vivroux, près d’un vieux pigeonnier traditionnel. Les hameaux des Renardières et du Grand Vivroux font l’objet de rénovation de bâtiments, par le CD 17. Ils sont inclus dans un projet plus vaste de mise en valeur du secteur (ENS de la vallée de la Trézence).
L’après midi nous visitons tout d’abord le Terrier de Mugon, quelques km plus au nord-ouest. Cette butte marneuse, souvent très riche en orchidées, sera la plus intéressante station de la journée. Aux espèces déjà vues (orchis pourpre, orchis pyramidal, orchis bouc, ophrys bécasse, orchis homme pendu, ophrys araignée et orchis militaire) il faut ajouter ophrys mouche (Ophrys insectifera), ophrys de la passion (Ophrys passionis), orchis verdâtre (Platanthera chlorantha), en boutons, Listère à feuilles ovales (Neottia ovata) et sérapias langue (Serapias lingua).
Le denier arrêt, écourté par l’arrivée d’une pluie d’orage, se situait au Terrier de Puyrolland, à l’est du site de la Trézence. De vastes pelouses permettaient de revoir plusieurs des espèces précédemment citées ainsi que les premiers pieds fleuris d’ophrys abeille (O. apifera).
Le bilan de la journée se montait donc à 13 espèces, ce qui, vu les conditions climatiques de l’année, n’était pas si mal.
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