Mais en quoi cette progéniture hybride est-elle si originale ?
Rappelons pour comparaison ce que nous observons habituellement avec des parents "sans histoire"... ou presque, eux aussi présents sur le même site.
Tableau 2
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Alors que la macule d’Ophrys aranifera embrasse le champ basal du labelle par un collier péristigmatique, celle d’Ophrys insectifera est isolée au milieu du labelle et dépourvue de ce collier.
Or on voit que l’hybride récupère ce collier. Comme me disait un jour Y. Wilcox avec beaucoup d’humour et de perspicacité "...l’hybridation leur remet des bretelles."
Pour ceux qui partagent ma vision sur la macule des Ophrys disons que l’hybridation restaure par complémentation le plan de base de la macule. Celui-ci est dégradé chez Ophrys insectifera par suppression du premier segment S1 de la macule et des deux segments S-1 et S-2 du collier. Alorsque chez Ophrys aranifera ce plan de base est complet et comprend et un collier S-2, S-1, et une macule S1, S2, S3, complets.
Ce qui donne par croisement.
[S-2, S-1, S1, S2, S3] x [S2, S3] ---> [S-2, S-1, S1, S2, S3]
O. aranifera
O. insectifera
Hybride
(en savoir plus sur la macule des Ophrys) |
On retrouve donc habituellement chez l’hybride une macule complète. (photo. 2 du tableau 1)
Or la complémentation n’a pas eu lieu pour la plupart des hybrides de Lavoux. pour qui la macule reste isolée du champ basal.
Il faut donc admettre que le parent, Ophrys aranifera était dépourvu, sinon des 3 segments S-2, S-1, S1, ou tout au moins du premier segment S1 de la macule, c’est à dire avait lui-même une macule isolée du champ basal, sans segment S1 proximal.
[ S2, S3]
O. insectifera |
x |
[S2, S3]
O. aranifera |
-----> |
[S2, S3]
hybride |
Je n’ai pas eu à chercher longtemps pour retrouver les possibles géniteurs de cette superbe collection d’ hybrides, plusieurs prétendants d’Ophrys aranifera portant la caractéristique citée ou d’autres susceptibles d’expliquer certaines particularités de la descendance, se sont spontanémennt présentés à moi.
En voici une galerie de portraits.
Tableau 3
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Voir réunie sur quelques mètres carrés une telle population d’hybrides et de parents si originaux est tout à fait exceptionnel et j’avoue que je suis resté un moment en extase, osant à peine lever le pied, conscient de me retrouver dans un sanctuaire, un peu comme un chien au beau milieu d’un jeu de quilles. |
La page suivante vous propose une étude des cas de croisement possibles entre O.insectifera
et les prétendants d’O. aranifera, susceptibles d’être à l’origine des hybrides présents sur la station.
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