Samedi 7 avril 2018 : « à la découverte d’Ophrys occidentalis ». CR de la sortie commune SFO-PCV/SFO-Aquitaine à Berbiguières (24). |
L’organisation de sorties communes entre les deux SRO de la Nouvelle Aquitaine avait été décidée il y a deux ans déjà. Mais le projet n’a pu se concrétiser qu’en ce début de printemps 2018.
Le choix s’est porté sur la visite de stations d’Ophrys occidentalis, orchidée précoce de répartition méridionale qui remonte jusqu’en Gironde et Dordogne, mais que nombre d’adhérents de la SFO-PCV ne connaissaient pas. L’objectif étant aussi de comparer ce taxon à Ophrys suboccidentalis
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Le rendez vous était fixé à 10 heures au petit village de Berbiguières, dans le sud de la Dordogne, à une vingtaine de Km seulement du Lot. Bernard Pernet, cartographe SFO pour la Dordogne – et qui habite le village – et Jean-Christophe Blanchard, de la SFO de Gironde, accueillent les quinze membres de la SFO-PCV qui ont fait le voyage, à partir de Poitiers, Saint-Jean d’Angely, Niort ou du littoral charentais… des déplacements de plus de 200 Km en moyenne… mais que ne ferait-on pas pour découvrir un nouveau taxon . Certains avaient choisi de venir 1 ou 2 jours auparavant et de faire un peu de tourisme dans cette belle région (on est à deux pas des Eyzies, de Sarlat, Domme…). Les autres avaient opté pour le covoiturage sur la journée. |
De gauche à droite : Bernard Pernet notre guide local, cartographe SFO Aquitaine pour la Dordogne, Paul Fouquet, Jean-Michel Mathé, Jean-Pierre Ring. Jean-Christophe Blanchard, représentant la SFO Aquitaine, est l’auteur de la photo |
L’étroitesse des routes ne permettant pas de stationner avec plusieurs véhicules, Bernard nous emmène à pied pour la visite de la première station, à une dizaine de minutes au nord-est du village. Il s’agit d’une vaste pâture – un troupeau de bovins y séjourne en été – orientée au sud et largement arborée. Les passages entre les buissons d’Aubépine et les clairières à la végétation rase abritent de nombreuses orchidées, mais seuls Anacamptis morio et Ophrys occidentalis apparaissent fleuris, ces derniers en fin de floraison. Le taxon s’épanouit habituellement début mars et seul le retard de végétation d’une quinzaine de jours nous permet de le voir fleuri à cette date tardive pour lui. Les autres orchidées repérées par leurs rosettes caractéristiques sont Anacamptis pyramidalis, Listera ovata, |
Aperçu du milieu : prairie maigre sur sol calcaire où domine le prunelier |
Quelques photos de détail de l’Ophrys occidentalis, donnant un aperçu de la variabilité chez cette espèce. |
Retour au village à midi pour le pique nique, pris sur le parking, ce qui permet d’apprécier la vue d’ensemble sur le village, aux maisons périgourdines traditionnelles, dominées par un château bien restauré. Berbiguières compte 170 habitants, dont beaucoup d’étrangers de diverses nationalités : belges, allemands, anglais, australiens…C’est l’un des villages du Périgord noir qui a le mieux conservé son cachet d’origine, en se préservant d’un tourisme trop envahissant. |
Bernard Pernet notre guide en pleine discussion avec une partie du groupe : Echanges fructueux entre nos associations respectives de la SFO Aquitaine et la SFO PCV |
La randonnée de l’après midi prévoit la visite de deux nouvelles stations situées au sud et à l’est du village. La première, une pâture orientée plein sud, permet d’observer un pied d’Ophrys occidentalis de forme chlorantha. Un peu plus loin, une pente en orientation nord, montre plusieurs centaines du même taxon en pleine floraison, avec les différentes variations individuelles qui lui sont propres, notamment au niveau de la coloration des périanthes (généralement verts-jaunâtres mais aussi blancs ou rosés). (Voir annexe) Cette superbe station clôt agréablement une journée réussie qui nous a permis non seulement de rencontrer un taxon original (confirmant les différences morphologiques avec les populations picto-charentaises d’O. suboccidentalis) mais aussi de découvrir un secteur géographique aux paysages préservés, avec collines boisées, vallons et immenses prairies mésophiles vouées à l’élevage. Tout cela sous un ciel clément qui a contredit les prévisions météo de la veille. |
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Merci à Bernard pour nous avoir si bien accueilli et montré de belles stations. A charge de revanche… nous espérons avoir bientôt l’occasion de montrer aux orchidophiles aquitains quelques unes de nos belles stations du centre-ouest.
Compte rendu rédigé par J.-M. Mathé, relu et corrigé par Bernard Pernet.
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Annexe.
Principaux critères d’identification de l’Ophrys occidentalis
(par J.-P. Ring)
Ophrys occidentalis
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Les sépales sont le plus couramment de couleur vert pâle légèrement teinté de jaunâtre. |
Exemples de fleurs à sépales blancs ou teintés de rose, d’un rose tendre qui peut virer au brun par superposition avec les pigments chlorophylliens.
Le sépale dorsal, récurvé vers l’arrière au départ de son insertion subit ensuite une flexion qui le ramène vers l’avant, contrairement à O. aranifera, |
- Le labelle de taille moyenne est régulièrement ovoïde mais peut aussi se montrer plus ou moins trilobé par des échancrures latérales ou de forme losangique par enroulement inhomogène de ses bords latéraux. Sa coloration d’un brun rougeâtre parfois profond n’est pas sans rappeler celle d’O. passionis. La marge du labelle est plutôt discrète, d’un ton jaune pâle à brun orangé, plus rarement jaune vif. - |
- Les pseudo-yeux |
O. occidentalis |
O. suboccidentalis |
O. passionis |
O. aranifera |
O. araneola |
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Sépales |
vert pâle parfois blancs ou roses |
verts |
verts |
vert franc |
vert franc |
Pétales latéraux |
verts à couleur rouille souvent marginés parfois vert fluo |
verts ± lavés de brun |
brun-rouge
± intense ou vert clair |
vert clair |
vert clair à fluo |
Labelle |
Taille moyenne Ovoïde |
Très grand ovoïde |
Taille moyenne ovoïde |
Grand ovoïde |
Très petit ovoïde allongé |
Gibbosités |
réduites à des épaulements |
souvent marquées |
Réduites à des épaulements |
très marquées |
peu marquées à absentes |
Marge du labelle |
discrète, de tons et de largeur très variables |
toujours large et d’un jaune franc |
jaunâtre à brun orangé |
jaune franc et de largeur variable |
souvent jaune et parfois large |
Champ basal |
Concolore avec le labelle |
hétérochrome |
Concolore avec le labelle |
hétérochrome |
± concolore |
Cavité stigmatique |
haute pincée à la base |
basse large à la base |
basse pincée à la base |
basse large à la base |
basse large à la base |
Angle gynostème/labelle |
ouvert ( 60°) |
fermé (50° à 55°) |
fermé (50°) |
fermé (50°) |
fermé (45°à 50°) |
Pseudo-yeux |
verts |
verts |
blancs |
verts |
verts |
Macule |
branches parallèles arachnitiforme |
araniforme à ± arachnitiforme |
branches parallèles ± arachnitiforme |
araniforme avec atrophie distale |
réduite à deux segments |
Phénologie |
Préccoce mi-mars |
Très précoce février |
Précoce fin février |
mi-avril |
précoce mi-mars |
Tableau récapitulatif des principales caractéristiques florales des espèces araniformes et du complexe Ophrys exaltata (subsp. marzuola) Pour résumer et comparer O. occidentalis avec les taxons d’aspect convergent sur des critères fortement marquants et sans équivoque. - Tout le monde a pu constater au cours de notre périple en Dordogne le caractère fortement convergent entre Ophrys occidentalis et nos populations d’Ophrys passionis de la façade atlantique. Même coloration brun profond du labelle et de la cavité stigmatique qui sont concolores. Par contre : Pseudo-yeux verts pour O. occidentalis et fondamentalement blancs chez O. passionis. Angle gynostème/labelle ouvert pour le premier, fermé pour le second Cavité stigmatique haute contre cavité stigmatique surbaissée. En raison de la variabilité sur ces critères il est impératif de prendre en considération la population dans son ensemble et jamais des individus pris isolément à moins de se complaire dans des discussions polémiques et généralement sans fin. - La possible confusion entre O. occidentalis avec O. aranifera, O. araneola et O. suboccidentalis paraît aujourd’hui totalement inconcevable, ne serait-ce qu’au vu de la seule caractéristique de coloration du champ basal : concolore avec le labelle chez O. occidentalis, hétérochrome chez les autres. - Concernant la possible confusion entre O aranifera et O. araneola elle n’est compréhensible que dans des secteurs géographiques où O. araneola est très rare ou absent, pour des personnes donc qui n’ont jamais été confrontées à ces deux espèces qu’on ne peut de toute évidence pas confondre. O. araneola malgré son diminutif est une plante généralement robuste et élevée dont la hampe porte de nombreuses fleurs (fréquemment plus de 10)... mais de petite taille à labelle très petit (6 à 9 mm) régulièrement ovoïde, entier, à gibbosités absentes à très peu marquées, proche de la forme de l’ongle de notre auriculaire, à coloration brun clair labile virant rapidement au verdâtre. La marge jaune n’est pas à elle seule un critère valide car souvent présente chez O.aranifera par contre le longueur du sépale dorsal est supérieure à celle du labelle, ce qui n’est pas réalisé chez les autres espèces ici évoquées. Là non plus ne pas juger sur des pieds isolés mais sur la population car l’hybridation entre les deux espèces est fréquente. Conclusion. Ophrys occidentalis est une espèce très polymorphe car d’origine composite dans laquelle nous avons pu déceler l’influence de plusieurs espèces qui sont rentrées dans la composition de son génome, résultat donc d’une évolution réticulée complexe à partir de plusieurs espèces en interaction. L’influence d’O. passionis est flagrante, tout comme celle d’une espèce arachnitiforme (caractère récurvé du sépale dorsal, macule à tendance arachnitiforme, angle gynostème/labelle ouvert... ) Sur certains sujets des caractères d’O. aranifera et d’O. araneola sont également perceptibles mais plus difficiles à caractériser. Nous retrouvons donc chez O. occidentalis nombre de caractéristiques majeures décrites chez O. suboccidentalis qui en a hérité, mais nous avons bien pu constater que l’assimilation de l’une à l’autre des deux espèces était impossible (cavité stigmatique hétérochrome avec le labelle, angle gynostème/labelle fermé....chez Ophrys suboccidentalis qui possède par ailleurs un port beaucoup plus robuste) et ce malgré leur phénologie presque concordante, O. suboccidentalis fleurissant de façon plus précoce avec une avance d’une bonne quinzaine de jours. |