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COMPTE-RENDU de la sortie du 18 mai 2019 : " la SFO-PCV fête le cinquantenaire de l’association à Oléron" "



COMPTE-RENDU D’ACTIVITES

18 mai 2019
la SFO-PCV fête le cinquantenaire de l’association à Oléron


Texte et photos : J.-M. Mathé
(sauf mentions contraires)





En 2019, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la SFO le CA national a décidé que des sorties seraient organisées dans les régions en vue de fêter l’évènement, et cela dans la semaine du 11 au 18 mai. Plusieurs sorties ont donc été programmées dans ce laps de temps par la SFO-PCV (1 en Charente, 2 en Charente-Maritime, 2 en Deux-Sèvres et 1 dans la Vienne), le plus souvent en partenariat avec les gestionnaires des sites. La SFO-PCV, en effet, travaille en étroite relation avec les autres associations environnementales et avec les structures administratives régionales pour protéger et gérer les sites les plus remarquables.
Durant cette semaine, il ne pouvait être question d’ignorer l’Île d’Oléron, haut lieu de l’orchidophilie régionale ! C’est pourquoi une sortie d’une journée a eu lieu le samedi 18 mai, dans le sud de l’Île, avec le concours de la CDC d’Oléron.

18 mai, 9h30, parking de covoiturage à l’entrée de l’Île.

Les prévisions météo pessimistes des jours précédents n’ont pas découragé une vingtaine de courageux naturalistes, venus parfois de fort loin, la Roche-sur-Yon et même Noirmoutier ! Le temps de présenter les organisateurs (Martine Bréret, Sébastien Dexpert, J-M Mathé et Dominique Pattier), d’organiser le covoiturage et de se déplacer jusqu’à la pointe sud de l’Île et le groupe rejoint, sur le parking nord du marais des Bris, Anna-Maria Legoff, responsable des Espaces Naturels à la CDC et sa collègue Flavie Rouet. Elles nous accompagneront pour la visite du marais, lequel appartient au CD-17, qui en a confié la gestion à la CDC d’Oléron.



10h, le marais des Bris, près de Saint-Trojan.




Anacamptis laxiflora Mai 2019

Dès les premiers pas dans la prairie située à l’entrée du marais, nous rencontrons 2 orchidées, présentes en grand nombre : l’Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora), dont les grandes hampes violettes apparaissent en fin de floraison et le Sérapias à petites fleurs (Serapias parviflora), au mieux de sa forme, mais plus discret. Ces deux taxons sont présents par centaines, en groupes de parfois plusieurs dizaines d’individus. Cette densité est remarquable pour le Serapias, orchidée rare et protégée au plan national ! Ce taxon méditerranéo-atlantique, présent en plusieurs stations oléronaises et en 3 ou 4 sur le littoral de Charente-Maritime, profite manifestement de la gestion du site (fauche tardive, pas avant juillet). La population, en extension, est sans doute l’une des plus importante de France, avec au moins 600 hampes fleuries !
 


        Serapias parviflora - Marais des Bris Mai 2019

Nous poursuivons à travers plusieurs parcelles récemment restaurées pour gagner la digue qui sépare le marais de l’océan et de laquelle la vue embrasse l’ensemble du site : au nord, le marais avec ses deux parties, saumâtre et douce, ses abords exondés couverts de prairies, avec au delà les premières maisons de Saint-Trojan, au sud de la digue, le pertuis de Maumusson, entre l’Île et le continent.



 Explications sur la gestion du site du marais des Bris. 
8 mai 2019

A-M Le Goff et F. Rouet nous expliquent alors la gestion mise en place par la CDC, qui doit tenir compte de nombreux enjeux :
 - Enjeu submersion : la digue doit éviter la submersion d’une partie de la ville de Saint-Trojan ;

- Enjeu hydraulique : la préservation du marais doux est nécessaire à l’approvisionnement des populations voisines.

- Enjeu écologique : préservation de la flore et de la faune.

- Enjeu agricole : certaines prairies sont pâturées (chevaux).

- Enjeu piscicole : le marais joue le rôle de réservoir pour une belle population d’anguilles.

- Enjeu plantes invasives : présence du Baccharis, de l’Herbe de la pampa et de l’Olivier de Bohême.

- Enjeu touristique : éviter la sur-fréquentation de ce lieu de promenade très prisé des insulaires et des touristes.

Les travaux de restauration importants de débroussaillement, d’éradication des plantes invasives, de fauche raisonnée des prairies, portent leurs fruits, comme on l’a constaté dans la première parcelle visitée, et devraient rapidement donner des résultats équivalents dans les parcelles traitées plus récemment.

Nous regagnons le parking à travers le marais, en repérant au passage le premier Ophrys de la journée : l’Ophrys abeille (Ophrys apifera) au bord d’un chemin.
Nous reprenons les véhicules pour un déplacement de quelques minutes jusqu’à une aire de pique nique aménagée en forêt de Saint-Trojan, le long de la route de la Grande Plage.

11h30, la forêt de Saint-Trojan.

Nous explorons le talus sableux, de part et d’autre de la route, à la recherche de plusieurs orchidées épargnées par les sangliers, lesquels ont littéralement labouré de vastes surfaces, en quête de tubercules, bulbes, racines, larves et vers. La forêt, établie sur les dunes du sud-ouest de l’Île, est constituée essentiellement de Pins maritimes et de Chênes verts. Nous trouvons rapidement les trois taxons recherchés.


Epipactis phyllanthes Mai 2019

La Céphalanthère à longue feuilles (Cephalanthera longifolia) fleurit en avril, aussi seuls quelques individus se montrent encore en bon état. La Céphalanthère rouge (Céphalanthèra rubra) débute sa floraison, qui se poursuivra pendant tout le mois de juin. L’Epipactis à fleurs pendantes (Epipactis phyllanthes), de distribution nord-est atlantique, protégé régionalement, présente ses principales populations françaises à Oléron et dans les forêts vendéennes de Monts et d’Olonne.

De nombreux pieds en boutons sont repérables à leur forme caractéristique, en crosse. Un pied de Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia), en boutons, les accompagne.


C’est maintenant l’heure du repas. La pluie intermittente du matin ayant cessé, nous pouvons profiter de ce moment de convivialité, avant de traverser l’Île pour gagner la Gaconnière, sur la côte est. Nous stationnons sur un terrain vague, à l’entrée de la lande de Fief Mélin.

14h, le Fief Mélin.

Cet espace de plusieurs dizaines d’hectares se situe entre le Château d’Oléron au sud, la Gaconnière au nord et les marais aménagés en parcs à huîtres à l’est. La culture de la vigne, abandonnée depuis plus d’un siècle, y a laissé place à une lande fortement embuissonnée. Cependant, un réseau d’allées, fauchées par la société de chasse locale, abrite un imposant cortège d’orchidées.
Dès l’entrée du site, nous reconnaissons les Anacamptis laxiflora, à divers niveaux de floraison, mêlés à des milliers de Sérapias langue (Serapias lingua), aux coloris divers, du jaune crème au rouge foncé ! Parmi eux, les hampes en fruits des Orchis bouffons (Anacamptis morio).
Très vite, apparaissent les premiers Ophrys : Ophrys de la passion
(Ophrys passionis) en fin de floraison et Ophrys sillonnés (Ophrys sulcata). Cette année est particulièrement faste pour le second, très abondant dans toute la lande.



Hybride ophrys scolopax x Ophrys passionis
Photo. recadrée : S. DEXPERT

Un peu plus loin s’ajoutent des Ophrys apifera et beaucoup d’Ophrys bécasses (Ophrys scolopax). Les hybrides sont alors inévitables et nous retrouvons un bel exemplaire du croisement O. passionis x O. scolopax, déjà observé ici. La visite se poursuit au milieu des tapis de Serapias lingua et d’Orchis pyramidaux (Anacamptis pyramidalis). Une dernière allée, avant de sortir du site, montre plusieurs exemplaires encore bien conservés de l’hybride Anacamptis laxiflora x Anacamptis morio.


  Serapias lingua - Fief Mélin - 18 mai 2019


Nous rejoignons alors un autre espace de landes, situé au nord de la Gaconnière, en direction de Dolus.

15h30 : les landes des Courants/Dolus.

Les organisateurs de la sortie pensaient montrer ici les très nombreuses orchidées présentes dans le fossé et sur les talus bordant une route menant aux exploitations ostréicoles, orchidées présentes 2 jours auparavant, lors des repérages. Hélas, tout a été fauché entre temps ! Cela était-il vraiment nécessaire ? N’aurait-il pas suffi de faucher la berme sur un mètre et d’épargner le fossé et le talus ? D’autant plus que ce fossé abrite une espèce en protection nationale, en pleine floraison à cette date ; la Renoncule à feuilles d’ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius).


Ophrys scolopax
Photo. recadrée : S. DEXPERT

Nous pénétrons donc dans la lande, à la végétation semblable à celle de Fief Mélin, avec cependant des zones nettement plus sèches. Anacamptis pyramidalis forme de spectaculaires tapis, au milieu desquels les Ophrys abondent : Ophrys passionis, apifera, scolopax et plus localement sulcata. Les photographes se régalent avec des Ophrys scolopax aux périanthes diversement colorés et aux macules très variables. Un hybride O. apifera x O. scolopax est identifié.


Les secteurs plus humides abritent A. morio, A. laxiflora et les inévitables S. lingua ainsi qu’ une petite station d’ une dizaine de S. parviflora, mais l’hybride avec S. lingua, n’est pas revu.

Enfin, les bords de fossé ayant échappé aux lames de la faucheuse montrent de beaux Ophrys passionis, des Orchis homme pendu (Orchis anthropophora) et des Orchis boucs (Himantoglossum hircinum) en tout début de floraison.







Ophrys scolopax - périanthe lie de vin Les Courants

Photo. S. DEXPERT




Une journée réussie, malgré la pluie du matin.





 
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